LES SALMONIDES EN FRANCE

Les salmonidés / la truite fario

 

Au chapitre précédent, nous avons abordé les différentes espèces de poissons rencontrés dans les cours d’eau français, cependant il convient de recadrer cette liste exhaustive en développant la catégorie des salmonidés qui nécessite la présence d'un milieu naturel plus spécifique. C’est pourquoi dans ce chapitre il sera développé les particularités hydrographiques permettant la vie des salmonidés dans la rivière et, donc, la possibilité pour nous de les pêcher. Ensuite, il conviendra d'aborder succinctement les diverses espèces présentes et leurs caractéristiques. Une partie plus importante concernera les truites si prisées des pêcheurs.

 

La présence des salmonidés (hormis les poissons migrateurs) dans certain cours d’eau nécessite des caractéristiques bien précises et dont leur ensemble correspond à la classification administrative de 1ère catégorie (cf. schéma de l’organisation de la rivière). Cette catégorie représente en France prés de 124 000 km de cours d'eau situés dans différentes régions géographiques telle que la plaine, la moyenne ou la haute montagne. L’acclimatation des salmonidés dans ces milieux est le résultat de spécificités hydrographiques bien précises

-Le dénivelé, et donc le courant qu’il entraîne, favorise une oxygénation importante ainsi qu'une température de l’eau assez fraîche (entre 8 et 14°c). A noter qu'une température excessive de l’eau (supérieure à 15°c) ne favorise pas l’oxygénation et l’alimentation des salmonidés ; le seuil létal* pour les truites se situant à 25°c. Ces quatre facteurs constituent les points essentiels quant à la survie et à la vie des salmonidés dans un cours d’eau. Ils permettent également aux poissons de trouver une nourriture certes peu abondante mais saine ce qui prouve la qualité du milieu naturel les accueillant. A ces différents aspects, il convient d'ajouter l'acidité de l'eau qui doit être faible ou nulle et la turbidité* qui ne doit pas gêner l’oxygénation et l’alimentation des poissons.

L'aspect du lit d'une rivière de 1ère catégorie est aussi très spécifique par rapport aux cours d'eau de 2ème catégorie plus en aval. Le lit de ces ruisseaux sont faits de cassures provoquées par des rochers, des souches ou des caves* sousles berges ; tous ces éléments favorisent la présence des salmonidés du fait qu’ils leur assurent des postes de chasses, de repos et bien entendu des lieux de reproduction adaptés.

                                                                            

Les salmonidés et notamment la truite représentent en France les poissons les plus prisés par les pêcheurs et ce du fait de plusieurs raisons. L’essentielle de celles-ci est que chaque poisson est considéré comme « noble » car, outre sa beauté physique c'est à dire sa couleur de robe et sa morphologie, il offre des qualités physiques de défense hors normes ce qui constitue pour les pêcheurs un moment de lutte et de plaisir souvent inoubliable.

Nous allons maintenant présenter les différents salmonidés acclimatés aux eaux douces françaises, en insistant sur les quatre espèces de truites vivant sur notre territoire. 

 

Les salmonidés

ESPECES MIGRATRICES

     Le saumon d'atlantique (salmo salar)

Différentes appellations en fonction de son age :

        -Tacon avant son avalaison* (forte ressemblance avec la truite fario)

        -Smolt durant la descente vers l’océan (plus argenté)

                                                                                       

     La présence du saumon dans les eaux courantes françaises est spécifique tout d’abord aux rivières se jetant exclusivement dans l’océan atlantique (comme la Loire ou l'Allier) ; ensuite cette présence n’est effective qu’à deux moments de sa vie : la première de sa naissance jusqu’au moment où il redescend vers l’océan (environ 2 années de présence) ; la deuxième lors de sa remontée vers les frayères* qui l’ont vu naître et qui le verront mourir après s’être reproduit. Il peut parcourir prés de 300 à 500 km en eau douce pour atteindre ces frayères. Espèce très menacée par la pêche industrielle dans les estuaires des grands fleuves et par les différents ouvrages (comme les barrages) qui entrave sa remontée.

A noter qu’il convient d’être très prudent lors de la capture du jeune saumon car sa ressemblance est très forte avec la truite fario. La principale différence se situe au niveau de la nageoire caudale avec une échancrure beaucoup plus marquée chez le tacon, on peut ajouter une couleur plus grisâtre ainsi que des marbrures plus importantes sur les flancs.

     La truite de mer (cf. le chapitre sur les truite)

 

ESPECES SEDENTAIRES

 Le christivomer (salvenilus namaycush)Truite grise ou canadienneSalmonidé originaire des grands lacs nord-américains. Acclimaté en France exclusivement dans les lacs des Alpes et des Pyrénées. Poids moyen de 2 à 4 kg ; maxi 8 kg.

L'omble chevalier (salvenilus alpinus)Poisson autochtone* de l’Europe du nord. Vit seulement dans les profondeurs des lacs et barrages. Poids de 500 gr en moyenne ; jusqu’à 1 kg dans les lacs de moyenne montagne.

L'omble ou saumon de fontaine  (salvinilus fontanilis)Salmonidé originaire d’Amérique du nord mais introduit en France à la fin du 19ème siècle. Poisson très proche de la truite de par son alimentation et de par son habitat même s’il préfère le fond des rivières et des lacs. Par contre, il peut supporter un pH de l’eau plus acide. Poisson extrêmement vorace et peu méfiant. Taille moyenne entre 25 et 30 cm ; maxi 50 cm.

                                                                                         

 L'ombre commun (thymalus thymalus)Ombre /porte étendard  Ne fait à proprement parler de la famille des salmonidés; il est classé dans celle des Thymalidés. Il en est le seul représentant. Poisson autochtone de l’Europe du nord et occidentale caractérisé par sa nageoire dorsale qu’il porte comme un étendard. Possède le même habitat que la truite mais supporte des températures plus chaudes et vit en banc de plusieurs congénères. Poids moyen de 500 gr ; maxi 2 kg.

                                                                                         

 

              Les truites

                Quatre espèces de truites sont présentes en France:

            *La truite arc en ciel (salmo gairdneri)Truite d’élevage ou de pisciculture /l'arc   Poisson originaire des États-Unis et introduit en France par le biais des piscicultures afin d’empoissonner les rivières et de satisfaire certains pecheurs-viandards*. Politique qui s’est avérée désastreuse puisque ces truites non autochtones ont colonisé l’habitat des farios mais sans pouvoir se reproduire (exceptions faites dans certains cours d’eau très froids et surtout de bonne qualité). Salmonidé qui diffère de la fario par une tête et une bouche plus petite ainsi que par une robe multicolore de couleur très vive. A noter que lorsqu’une arc sauvage est ferrée, elle oppose une défense très vigoureuse et physique ce qui  peut constituer un plaisir supplémentaire à sa prise. Taille moyenne de 30 cm ; maxi 80 cm.

                                                                                                    

            *La truite de mer (salmo truta truta)Truite argentée    Espèce migratrice de l’océan Atlantique qui migre dans les cours d’eau afin de se reproduire. Par rapport à la fario, sa forme est plus massive et plus puissante, sa robe est  grise avec beaucoup de points noirs, sa queue est légèrement échancrée et sa bouche est largement fendue. Taille moyenne de 30 à 40 cm ; maxi 1 mètre.

                                                                                                      

           *La truite de lac (salmo truta lacustris) Comme son nom l’indique, variété de truite ne colonisant que les lacs et barrages. Poisson dont la forme est beaucoup plus compacte que la fario avec une couleur plutôt argentée et quelques points rouges. Peut peser jusqu’à 10 kg dans les grands lacs riches en nourriture.

 

*La truite fario (salmo truta fario)

       Avant de développer dans le détail les spécificités constitutionnelles de dame fario, il est nécessaire d’aborder les deux variétés ou souches autochtones de fario vivant en France : la souche atlantique et celle méditéranéenne-continentale. A quoi il faut ajouter la superbe macrostigma.

            Cependant, il faut préciser que ces souches ont subi de nombreuses modifications du fait d'empoissonnements non contrôlés, notamment à la fin du 20ème siècle. En effet des quantités importantes de fario de piscicultures ont été déversées dans les rivières ce qui a entraîné un croisement entre les espèces introduites et les farios de souche autochtone. Cette pollution biologique a altéré la qualité génétique des poissons même si les pouvoirs publics ont pris conscience du problème et ont mis en œuvre une véritable politique de ré empoissonnement des rivières françaises en s'appuyant sur le cheptel de truites des régions concernées. Il n'empêche que d'une manière générale l'authenticité des poissons est conservée ce qui rend la pêche de le truite fort intéressante sur le plan biologique. En ce qui concerne les souches de truites farios il est bon de préciser et ce malgré cette distinction qu'il existe bien entendu des spécificités locales propres aux régions traversées par les rivières.

             La souche atlantique : c’est de cette variété que vienne la plupart des farios vivant en France ; elle est à son état naturel surtout présente dans le bassin hydrographique versant dans l’océan atlantique cependant et du fait des raisons exposées plus haut elle a colonisé le versant méditerranéen. Comme particularités physiques on retrouve notamment des points rouges et noirs auréolés mais cette souche est difficile à cataloguer car elle possède de nombreuses variantes.

            La souche méditéranéenne-continentale : elle se situe beaucoup plus au sud du continent européen et notamment de la France. Elle est surtout présente dans les rivières se jetant dans la méditerranée. Elles offrent une robe beaucoup moins marquée se points et plus zébrée.

            La macrostigma se retrouve, elle, sur les hauteurs de Corse, en Sardaigne et dans certains ruisseaux d’altitude du Maroc. Sa caractéristique principale est de posséder un gros point noir à l’arrière de l’œil et également des marques bleuâtres sur les flancs en forme de doigts. Son corps est plus fuselé et ses nageoires plus développées. Ses points noirs et rouges sont dépourvus d'auréoles. Là aussi cette souche a tendance à s’altérer du fait des déversements incontrôlés qui ont eu lieu.

            Après cette approche des espèces de salmonidés présentes en France, il convient de s’attarder sur la truite fario et ses particularités constitutionnelles. En effet, celles-ci vont nous éclairer sur son comportement et son habitat et donc sur sa pêche.

 

 La truite fario

                                             

        Sa morphologie

Son allure générale et sa morphologie (cf. schéma) sont très significatives quant à ses possibilités physiques. En effet, son corps est allongé et donne une impression de puissance. Sur le dos, sa couleur est à dominante brune, les flancs, plus clairs, son marqués de tâches rondes, noires ou rouges. Les nageoires sont bien développées. La nageoire adipeuse se trouvant entre la dorsale et la caudale est un signe d’appartenance à la famille des salmonidés. La bouche, largement fendue, présente une belle dentition pointue, puisque son alimentation est vivante et carnée.

Grâce à son excellente musculature, sa forme hydrodynamique et ses nageoires soutenues par des rayons osseux, c’est une nageuse rapide qui est capable de se déplacer dans les courants sans s’épuiser. Sa capacité à bondir hors de l’eau  est aussi impressionnante car, pour franchir des obstacles, elle peut prendre de l’élan, sa musculature contribuant à faciliter ces sauts. Sa vitesse de nage maximale est de 12 Kilomètres/heures. Bien sûr, elle ne peut maintenir cette vitesse pendant très longtemps, mais dans son milieu, cette caractéristique physique est très importante notamment pour se nourrir ou bien zigzaguer très rapidement au milieu des rochers afin d’échapper aux pêcheurs.

La truite fario possède sous sa peau des cellules capables de foncer ou de s’éclaircir en fonction de la couleur du fond et de son environnement. Véritable caméléon aquatique, la fario possède ce genre de faculté qui chez elle, est naturelle au même titre que la respiration. Cette aptitude lui permet d’échapper au regard des prédateurs. Ainsi, elle reste invisible aux yeux d’un héron ou d’une loutre, tant qu’elle ne se déplace pas. Elle peut aussi s’approcher discrètement de ses proies afin de les surprendre et de bondir sur elles avec un maximum d’efficacité.

 

        Ses cinq sens

          La vue

L’œil de la fario est particulièrement performant. Non seulement il est capable d’apprécier les contrastes et la plupart des couleurs, mais en plus sa grande taille lui permet de tolérer la grande lumière. A l’inverse, la nuit, la moindre clarté est amplifiée par des cellules spécifiques, ce qui permet à la truite de se déplacer et de se nourrir. Les jeunes farios, dans les premiers jours de leurs vie craignent la lumière. Petit à petit, en grandissant, les yeux s’habituent et elles finissent par pouvoir supporter plein soleil sans difficulté.

          La perception du son

           La truite ne possèdent pas d'oreilles externes. En revanche, elle est dotée d'une oreille interne reliée à sa ligne latérale. Cette particularité piscicole est constituée d'une série de petites perforations alignées sur les flancs, laissant l'eau y pénétrer. L'eau étant un bon vecteur de transmission des sons et des vibrations, ceux-ci se propagent jusqu'au fond de ces trous où se trouvent des nerfs qui, à leur tour, véhiculent les messages jusqu'au cerveau. La ligne latérale permet d'identifier les bruits ou les vibrations sans avoir besoin de vérifier par la vue. Ce « radar » est en fait un sixième sens piscicole. Il est commun à tous les autres poissons.

           La perception olfacto-gustative

             Les narines de la truite lui permettent d'identifier les odeurs. Elles communiquent entre elles mais, à la grande différence des narines d'un mammifère, elles ne sont pas en relation avec l'arrière-gorge. Leur fond est tapissé de nerfs sensitifs. Sur la fario les deux petits trous situés sur l'avant de la tête sont les narines. Cette fonction est primordiale la nuit ou quand l'eau est trouble car elle permet à la truite de se repérer. Mais elle est également très utile le jour et facilite grandement la localisation d'une proie ou d'un prédateur présent dans l'eau. D'autre part, le fait de distinguer rapidement la présence des substances chimiques toxiques pour sa santé permettent une fuite rapide afin de ne pas succomber a une pollution.

           Ils sont étroitement liés car, pour connaître le goût il faut au préalable un contact. Des cellules tactiles sont réparties sur toute la surface de sa peau. La bouche et en particulier les lèvres, en sont largement pourvues. Le goût est perçu dans l'arrière de la bouche. Toute matière analysée comme non-comestible sera rejetée immédiatement. Le toucher et le goût ont également un rôle au niveau de la reproduction, ils permettent au mâle et à la femelle de se démontrer mutuellement qu'ils sont prêts pour se reproduire.

 

Son habitat

            Celui ci a déjà été abordé dans un chapitre précédent cependant il possède d’autres caractéristiques forts importantes à connaître pour pouvoir pêcher  « notre belle mouchetée ». Les rivières fraîches et à courants puissants sont donc ses lieux de vie préférés. Le fond est constitué de cailloux ou de sable, la végétation est très restreinte car les courants limitent sa prolifération. La qualité de l’eau doit être bonne, et même si les cours d’eau ont tous des crues occasionnelles provoquant des eaux boueuses, sa limpidité en dehors de ces périodes doit être suffisante pour que la fario puisse voir sur plusieurs mètres. Ses caches préférées sont situées dans les rochers ou les berges creuses. Les bois morts sont également des lieux de repos, de chasse et d’observation. Mais elle ne reste pas toujours abritée ; pour se nourrir elle peut rester de longs moments en bordure de courant en attendant une proie potentielle.

Dans ces rivières à forte pente, la fario trouve, au même endroit, le gîte grâce a ses multiples caches, un lieu de ponte quand c’est la saison et de quoi  se nourrir toute l’année. La température de l’eau des rivières de montagne lui convient très bien car elle aime l’eau fraîche. Il faut savoir que la température de son corps est la même que celle de l’eau. Ce caractère, qui d’ailleurs est commun a tous les poissons est différencié pour chaque espèce par une plage de température  qui lui convient mieux. Pour notre truite il s’agit d’une fourchette allant de 8 à 13°c. A contrario, elle déteste la vase qui tapisse les fleuves des grandes plaines, car celle-ci colmate les branchies qui lui servent a respirer.

 

Son évolution et la sélection naturelle

            La truite fario n'a pratiquement pas évolué quant à son aspect général depuis prés de 500 000 ans. Sans aller jusqu’à dire qu’elle était déjà parfaite pour vivre dans son milieu de l’époque, ses faibles modifications sont le signe qu’elle est bien adaptée à son biotope*.

            Cependant, la vie est souvent difficile, la sélection des futurs géniteurs* se réalise dés les premiers jours de la vie. En période de crue, par exemple, un torrent de montagne se transforme en vague déchaînée où il est difficile de survivre. Les sujets les plus forts resteront calés sous les rochers en attendant que le niveau redevienne normal. Pendant cette période, bon nombre seront emportés vers l'aval et coloniseront de nouveaux secteurs ou mourront à cause de la violence des flots. D’autres facteurs, comme les maladies, peuvent aussi faire mourir les truites farios les plus résistantes jusqu'alors. Cette sélection naturelle n’a de cesse d'améliorer le patrimoine génétique de la fario mais aussi celui des autres espèces.

 

Son alimentation

Dans les eaux rapides et froides, la nourriture disponible pour la truite est constituée d’insectes aquatiques sous la forme de larves se déplaçant sur le fond ou d’insectes ailés. Si ces derniers représentent une bonne partie de l’alimentation traditionnelle, les petits poissons tels que les vairons sont, également, des proies de choix pour la truite. D’ailleurs, les petites farios de quelques centimètres sont consommées si elles passent à proximité des plus grandes. Adulte, elle est capable de profiter de conditions favorables pour se gaver, les jours qui suivent l’obligeront à rester à la diète le temps de digérer. Parmi les insectes aquatiques que la truite aime, le porte-bois et la mouche de mai font partie des plus connus.

Son alimentation varie en fonction des saisons. En effet, si le printemps est très pluvieux, l’eau va monter, créant une crue. Une multitude de petites proies vont être entraînées par le courant et mises à disposition de la truite. Les vers de terre, dans ce cas, représentent une bonne partie de son alimentation. Le printemps sonne le réveil de tout le milieu et la majorité des insectes aquatiques migrent pour se reproduire. Ces déplacements assurent à la truite un garde-manger toujours plein et à sa portée. L’alimentation en automne et en hiver dépend de la température de l’eau : la quantité, notamment, est liée à ce facteur. Le froid paralyse le mécanisme de la digestion. A deux ou trois degrés, il faut une semaine à la truite pour digérer totalement un vairon.

Son alimentation change aussi avec l’âge. Dans les premiers jours de sa vie les réserves vitellines* qu’elle transporte sous son ventre lui permettent de s’alimenter sans avoir à chercher des proies, ensuite elle commence à manger des minuscules vers et larves qui vivent sur le fond. Sa croissance est rapide et elle établit vite son territoire en arpentant les courants à la recherche d’insectes et de petits poissons. Avec l’âge, elle est un peu moins active, ses sorties sont plus rares, les micros proies l’intéressent moins et seules les belles bouchées la sortent de sa torpeur. Les vairons le savent bien et paient un large tribut à sa gourmandise car elle attend qu’ils se forment en bancs et fonce dans le groupe.

 

Sa reproduction

La période de reproduction est hivernale, surtout aux mois de novembre et de décembre. Si ce mécanisme de reproduction est inscrit dans les gènes, c’est le soleil qui régit le métabolisme sexuel. En effet, c’est lui qui avec sa durée d’ensoleillement coordonne les pontes. L’avantage de cette maturation générale et synchronisée est qu’elle permet aux farios de trouver facilement un partenaire de l’autre sexe pour se reproduire. Ces pontes sont toujours massives et toutes groupées au même endroit sur une petite surface. Pendant cette période le male présente une déformation temporaire de la mâchoire inférieure qui fait penser à un bec. La femelle, elle, a un ventre bien rebondit révélant la présences des œufs.

L’endroit où sont déposés les œufs est une frayère. C’est un secteur peu profond constitué de cailloux d’une taille comprise entre la noisette et la noix. Le courant doit être régulier et la profondeur d’eau de 50 cm environ. Les beaux géniteurs vivants dans un secteur plus en aval de la rivière et dépourvu de frayères devront participer à une migration temporaire afin de trouver la zone adaptée à leurs besoins. Parmi eux, certains ne pourront pas atteindre une frayère. C’est dommage mais cette sélection naturelle permettra aux alevins d’avoir les mêmes aptitudes physiques que leurs parents. C’est un des moyens qu’a trouvé la nature pour faire évoluer une espèce. La truite prépare un secteur en remuant le gravier à l’aide de sa queue : elle creuse ainsi une petite cuvette où seront déposes les œufs (de 2 000 à 2 500 pour une femelle de 1 kg) et la laitance du male. Ensuite, elle recouvre l’ensemble avec le même gravier et la ponte reste en incubation pendant environ 40 jours à 10°c.

                                                 

Après l’éclosion, les jeunes alevins restent dans le substrat et se nourrissent grâce à leur réserves vitellines. Cette substance est extrêmement nourrissante et 15 à 20 jours après leur naissance, ils ont déjà bien grandi et leur robe a considérablement foncé. Ils peuvent désormais nager et se nourrir.

 

            Le développement de ce chapitre nous a permis de mieux cerner les spécificités de la truite fario tant sur la plan alimentaire que sur celui concernant son habitat. Ces deux éléments vont à présent nous faciliter l’approche de sa pêche et notamment celle relative aux appâts naturels.