LE MILIEU HYDROGRAPHIQUE
Présentation générale / Faune et flore
Avant d’aborder les chapitres suivants concernant la truite et sa pêche, il convient de s’attarder un peu plus sur la rivière française et son organisation. Le milieu hydrographique* français est constitué de deux domaines : les eaux closes (lacs, barrages ou étangs) et les eaux courantes (fleuves, rivières ou torrents). C’est cette dernière qui va nous intéresser car la présence des salmonidés et donc des truites y est très importante.
La France avec prés de 250 000 Km de rivières (ou eaux courantes) constitue un pays privilégié pour la pratique de la pêche. Cependant, les rivières françaises possèdent toutes des particularités liées à la topographie* des terrains traversés ce qui entraîne naturellement des diversités biologiques et donc réglementaires, en ce qui concerne la pêche.
Les cours d’eau français sont, bien entendu, différents d’une région à l’autre mais comme l’illustration le montre ils conservent d’une manière générale une organisation bien établie : la partie supérieure (ou 1ère catégorie) de la rivière est constituée majoritairement de salmonidés et donc de truites ; à l’opposé la partie inférieure (ou 2ème catégorie) est peuplée en majorité de cyprinidés et de carnassiers. Ces différences de peuplements s’expliquant par une température plus fraîche et un taux d’oxygène dissout dans l’eau plus important en amont qu’en aval conséquence d’un courant plus rapide sur ces zones.
La compréhension de cette organisation est importante car elle va vous permettre par la suite de mieux cerner l’habitat de la truite et également de mieux appréhender sa pêche .
Apres avoir développé l’organisation générale des eaux courantes et donc visualisé le contexte hydrographique français, nous allons à présent consacrer ce chapitre à la composition biologique des rivières et de leur environnement immédiat. Nous présenterons de manière succincte mais spécifique les espèces florales et animales pouvant être rencontrées. Ce développement constitue un passage obligé en ce qui concerne les finalités du fascicule car il ne faut pas se consacrer à la pêche et aussi à la sauvegarde du milieu sans connaître un minimum les espèces présentes et potentiellement observables dans l’eau et au bord des rivières.
La constitution biologique se divise en deux domaines : l’un TERRESTRE et l’autre AQUATIQUE
LE DOMAINE TERRESTRE est constitué de tous les milieux entourant la rivière c'est à dire les bois, les prairies, les champs ou les haies proches des cours d'eau.
Sur le plan de la flore, on peut développer trois catégories :
On rencontre tout d’abord les arbres qui différent bien évidemment selon les régions concernées. On note différents conifères (plus nombreux en haute et moyenne montagne) comme le sapin, le pin ou l'épicéa. Ensuite on observe les feuillus tel que le châtaignier, le chêne, le bouleau, le frêne ou l'acacias. On rencontre également dans notre région des arbustes comme le noisetier ou le buis. Quelques arbres fruitiers (pommiers, cerisiers ou pruniers) sont aussi présents à proximité des habitations.
Les plantes sont présentes là aussi de manière variées selon les régions mais on peut noter généralement les genêts, les bruyères et les fougères (fort appréciées des pêcheurs pour envelopper et protéger le poisson gardé avec modération dans leur panier). En ce qui concerne les fleurs, et ce en fonction de la saison de floraison, on peut cueillir des jonquilles, des tulipes, des narcisses ou des coquelicots.
Il ne faut pas négliger une espèce appréciée car fort rare et absolument délicieuse : les champignons. A la saison propice (mois de juin et mois de septembre, octobre) on peut ramasser, avec observation et chance, des girolles et des cèpes dans les bois à dominante de chênes et châtaigniers ; ou des lactaires dans ceux à dominante de conifères.
Dans les prés on cueille également les rosés des prés (pradels) ou les mousserons (pissoquo). Tous ces champignons sont comestibles et bien entendu fort délicieux en omelette ou avec des pommes de terre. Attention : laissez sur votre chemin les différentes amanites, dangereuses pour votre santé.
La faune, elle aussi, est très diversifiée selon les régions parcourues ; les espèces rencontrées dépendent également des différentes composantes florales présentes dans le milieu. On ne traitera ici que des espèces « sauvages » et non pas des animaux domestiques (vache, brebis,...etc.).
Chez les mammifères, on peut rencontrer, avec chance et discrétion : divers ongulés comme le sanglier ou le chevreuil ; divers lagomorphes tel que le lièvre ou le lapin ; des rongeurs (castor, ragondin, mulot, écureuil,...), des insectivores (hérisson, taupe, musaraigne,...), des chauves-souris et divers carnivores (hermine, belette, martre, fouine, renard et plus rarement la loutre et l'ours).
Chez les reptiles, on peut observer les lézards et avec prudence les différents serpents (vipères et couleuvres).
Chez les oiseaux, on observe des gallinacés (pigeons, tourterelles et plus rarement perdrix, faisans ou cailles), des rapaces (buses, différents faucons, éperviers et à la tombée de la nuit chouettes et hiboux), des palmipèdes (canards, oies), des échassiers (hérons, poules d'eau plus rarement bécasses). Les passereaux constituent le plus grand nombre : on entend le coucou, le martin-pêcheur est le plus souvent observé puisqu'il se nourrit en abondance d'alevins ; on rencontre aussi des pic-vert, des hirondelles, des mésanges, des merles et des moineaux. A noter le cincle plongeur qui est un oiseau qui se nourrit (pendant plusieurs secondes) sous l'eau d’invertébrés aquatiques et de petits poissons.
Les insectes ont un intérêt particulier pour la compréhension des techniques de pêche puisqu'ils représentent une part importante de l'alimentation des salmonidés. De manière générale on observe libellules, coccinelles, abeilles et guêpes ; d'autres représentent des proies potentielles pour les truites comme les grillons, les différentes mouches, les sauterelles et bien sûr les divers éphémères*. Ces derniers seront plus amplement développés dans le chapitre concernant les différents appâts dont se nourrit la truite fario.
LE DOMAINE AQUATIQUE et son descriptif représentent une étape essentielle dans la compréhension du mode de vie des poissons et notamment des salmonidés. Cette partie va vous présenter les différentes espèces florales et animales ainsi que leurs interactions dans le biotope aquatique.
La flore aquatique est constituée des végétaux chlorophylliens* qui produisent l’oxygène et la libèrent dans l'eau. On peut citer toutes les algues et les différentes mousses. Elles possèdent un rôle important pour la faune aquatique car, outre l'oxygène apportée, elles constituent pour certains poissons une réserve de nourriture non négligeable ainsi que des postes de chasse ou de repos voire des lieux de ponte privilégiés.
La faune aquatique, elle, est constituée des animaux vivants dans le milieu aquatique qui s'oxygènent : soit à la surface de l'eau (comme le fait la loutre), soit dans l'eau grâce à l'oxygène dissout (comme le font les poissons).
Parmi ces derniers, on retiendra :
Les invertébrés aquatiques : ils représentent une des sources d’alimentation des poissons ; il peut s’agir d’escargots (comme le limnée) ou d’insecte (comme le diptyque ou les trichoptères). Ces insectes seront plus amplement développés dans le chapitre concernant les appâts de la truite. On peut citer également les écrevisses.
Les poissons sont l'espèce la plus intéressante pour nous pêcheurs. On présentera ici les plus fréquemment rencontrés dans les rivières et notamment ceux qui peuvent être ferrés lors de la pêche aux appâts naturels. A noter que les poissons sont des animaux à sang froid c'est à dire que la température de leur corps varie en fonction de la température du milieu qui les accueille ; cet aspect a une importance capitale notamment en ce qui concerne l'alimentation et la reproduction des poissons (nous le verrons plus loin).
LES CYPRINIDES (ou poissons blancs) sont les poissons les plus nombreux, notamment, en 2ème catégorie ; ils ont un régime alimentaire généralement végétarien mais certains se nourrissent de matières carnées, on citera :
L’ablette nom latin (alburnus alburnus) Noms régionaux : " sofie /mirandelle " Poisson vif-argent vivant dans les courants sous la surface de l’eau. Taille moyenne entre 8 et 12 cm ; max. 16 cm.
Le gardon (rutilus rutilus) " Blanchet "Poisson fourrage* vivant en bancs assez conséquents. De couleur argentée. Taille moyenne de 15 à 25 cm ; maxi 40 cm.
La brème (abramis brama) " Plateau /plaquette " Poisson vivant dans les zones calmes. De couleur vert argentée. Taille entre 30 et 50 cm ; max. 70 cm.
La carpe (cyprinus carpio) 3 espèces : carpe miroir, commune et cuir. Poisson des zones profondes et calmes. De couleur brune. Poids entre 10 et 15 kg ; maxi jusqu'à 30 kg.
La tanche (tinca tinca) " Tinche " Poisson d’eau calme et de fond. De couleur vert. Taille moyenne de 25 à 35 cm ; maxi 60 cm.
Le barbeau (barbus barbus) " Barbel /moustachu " Poisson de fond très puissant vivant en bancs dans les forts courants. De couleur marron vert et possédant de magnifiques moustaches autour de la bouche. Taille entre 30 et 50 cm ; max. 80 cm. Parfois rencontré en 1 ère catégorie.
Le chevesne (leuciscus céphalus) " Cabot /meunier /vilain " Poisson omnivore* qui possède le même habitat que la truite mais qui supporte des températures plus chaudes. A une morphologie qui se rapproche de celle des truites. De couleur vert à marron argentée. Souvent rencontré en 1ère catégorie. Taille moyenne de 20 à 40 cm ; maxi 70 cm.
La vandoise (leuciscus leuciscus) " Assiège /siège /gandoise " Poisson proche du chevesne mais qui vit dans des zones plus calmes. De couleur vert-argentée. Tailles identiques.
Le goujon (gobio gobio) " Gobi /gouvion " Petit poisson vivant en eau rapide mais sur le fond. De couleur marron vert et possédant des moustaches au niveau de la bouche. Présent en 1ère catégorie, marque souvent la bonne qualité de l'eau. Nourriture appréciée des grosses truites. Taille moyenne entre 8 et 15 cm ; maxi 20 cm.
Le vairon (phoximus phoximus) " Gendarme /loque /gaïnelle" Petit poisson vivant dans les cours d’eau à courant rapide et bien oxygénés. Est très prisé des enfants mais surtout de la truite. Très présent en 1ère catégorie. Taille moyenne de 4 à 8 cm ; maxi 12 cm.
LES CARNASSIERS, comme leur nom l’indique, représentent les poissons se nourrissant exclusivement de matières carnés c’est à dire de congénères* et de larves*. Ils se situent surtout en 2ème catégorie du fait de la température de l’eau plus élevée et de la richesse de nourriture ; on citera :
Le brochet (esox lucius) " Grand bec /requin d’eau douce " Poisson chassant à l’affût du fait d’une vitesse extraordinaire sur quelques mètres. Possède prés de 700 dents. Vit en eau close et courante. Poids moyen entre 4 et 8 kg ; maxi 20 kg. Parfois présent en 1ère catégorie.
Le sandre (stizostédion lucioperça) Poisson d’eau close et d’eau courante vivant dans les profondeurs. Introduit en France dans les années 70. Poids moyen de 3 à 6 kg ; maxi 12 kg.
La perche (perça fluviatilis) " Boyat /zébrée " Poisson proche du sandre mais plus petit. Souvent présent en 1ère catégorie. Robe zébrée de plusieurs couleurs. Taille moyenne de 20 à 30 cm ; maxi 50 cm
Le black-bass (microptérus salmoïde) Poisson importé d’Amérique du nord, surtout présent en eaux closes. Extrêmement combatif et sportif. Poids de 2 à 4 kg en moyenne.
Le silure (silarus glanis) Carnassier le plus gros d’eau douce. Originaire des pays de l’Est. Peut peser jusqu’à 100 kg.
AUTRES ESPECES
L'anguille (anguilla anguilla qui signifie petit serpent.) Présente en eaux douces à l’age adulte mais va se reproduire en mer des sargasses (océan atlantique). Peut mesurer jusqu’à 1 mètre.
LES SALMONIDES
C'est dans cette catégorie que se classe les différentes espèces de truites présentes en France. Leurs spécificités forts nombreuses et forts admirables seront développées dans le prochain chapitre afin d’établir un maximum d'informations qui vont nous permettre de mieux appréhender leurs pêches.